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l86 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

pagne. Sur quoi que ce soit qu'on l'interroge, il a réponse prête et continue de répondre longtemps après qu'on ne le questionne plus.

Comme la montée se fait plus rude, nous descendons de voiture. Nicolas accoste les gens sur la route. Ici c'est un berger ; plus loin un bûcheron qui plie sous un fagot et sourit en nous voyant passer. Nicolas pointant du doigt vers son visage :

— Regardez ses dents ! Et jamais il ne les lave. Charmant jeune homme ! Extra-extra ! Sont tous comme ça dans ce pays. J'en ai jamais vu un pareil. Regardez ce qu'ils sont contents de voir des étrangers. Ça est intéressant. Rien que ça vaut le voyage. Etc.

A propos de tout et de n'importe quoi il répétera ces formules.

Emotion de découvrir dans la montagne le daphné buissoneux de Cuverville, tout en fleurs. La flore n'est pas très dépaysante : je retrouve les cistes de l'Esterel, mêlés aux églantiers de Normandie. Mais chaque plante ici paraît plus robuste et plus pleine, étalant un feuillage intact. Sans doute ces plantes doivent leur parfaite santé à la grande abondance d'oiseaux qui les débarrassent des insectes.

Que d'oiseaux ! chaque arbre en est peuplé ; le brouil- lard pénétré de leurs chants mélancoliques. Les Turcs religieusement les protègent. A Brousse sur la place du marché circulent tranquillement deux vieux vautours pelés et quatre cigognes blessées. On en voit partout, des cigognes ; elle m'amusent comme au premier jour et me consolent un peu de l'absence des chameaux.

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