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196 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

importance et reporters de journaux, se tiennent debout et respectueusement écartés ; on distingue à la droite d'Enver le général allemand von Liman.

Devant nous défilent successivement des boys scouts, ou je ne sais quoi d'analogue, en jerseys bleu-tendre, jaune- serin et vert-chou ; les plus petits sont en tête ; les derniers portent des instruments de musique occidentale ; ils marchent au pas de parade, tous déjà laids comme des turcs ; puis des sociétés de gymnastique ou de tir, future vigueur du pays, grotesques et hideux, mais qu'on sent déjà prêts à se faire tuer pour " la cause. " Enver Bey repartira content.

Il reçoit maintenant la députation des derviches. Ceux- ci que deux landaus ont amenés, sont reconnaissables à la bombe au café qui les coiflFe ; certains sont assez dignes, d'aspect noble, et ne dépareraient point la cérémonie du Bourgeois ; avouons même que quelques uns d'entre eux ont un admirable visage. Ils viennent s'incliner devant ce nouveau ministre et protester sans doute de leur dévouement et de leur fidélité ; leur grand chef escortera Enver Bey jusqu'à Afioun, avec les généraux et les journalistes.

Les diverses députations se rangent tout le long du quai de la gare. L'heure a sonné. Enver monte en vi^agon ; il est de taille bien prise et de démarche très assurée ; on sent qu'il ne regarde jamais de côté. Liman suit, très grand, un peu trop rose, un peu trop gras, les cheveux grisonnants, mais bel homme ; puis derrière eux la foule des notables se presse... Je crois assister à une scène de cinématographe.

Le wagon s'est empli. Enver Bey reparaît à la fenêtre

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