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Page:NRF 12.djvu/280

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la lettre, et donna comme elles des témoignages évidents de sa désolation profonde.

Les trois femmes pensèrent un instant qu’il ne s’agissait de rien de moins que de faire un très mauvais parti à M. Irnois.

L’ancien fournisseur fut cependant plus brave que ses compagnes et les assura que, suivant toutes probabilités, les choses n’en viendraient pas là. D’ailleurs, ce serait par trop inique. Jamais il n’avait mal parlé d’aucun gouvernement, et de celui de l’Empereur moins que de tout autre ; ses contributions avaient toujours été régulièrement payées. Sans doute il y avait eu jadis quelque peu à redire dans la manière dont il avait chaussé les régiments ; mais toutes ces peccadilles étaient passées depuis longtemps, et d’ailleurs il n’avait jamais été en nom dans les fournitures. Décidément l’Empereur ne pouvait lui vouloir le moindre mal ; que lui voulait-il donc ?

Mlle Julie Maigrelut fut la première à ouvrir un avis important sur cette question nouvelle ; je dis nouvelle, parce que du noir on était passé au rose. Elle insinua que l’Empereur mandant son frère, son frère innocent comme un agneau, il fallait absolument que ce fût pour le récompenser ; mais récompenser de quoi ?

— De son immense fortune, répondit aussitôt Mlle Catherine Maigrelut.

— Elle a raison, dit Mlle Julie.

— Elle a cent fois raison, murmura Mme Irnois.

— Me récompenser ? s’écria le richard, de quelle manière ? On ferait mieux de me laisser tranquille, ventre-bleu !

— Je ne serais pas étonnée, mon frère, reprit Mlle