NOTES 3 ^ ï
grand poète. " Un des convives, M. Jean des Cognets, prononce le nom de Dargaud — " un philosophe, celui-là, un ami des Quinet, des Michelet. "
"Dargaud! Nous y voilà! s'écrie M. Caplain. C'est rhomme malfaisant qui a constamment agi pour dénaturer l'âme de M. de Lamartine. Il le faisait sor*^^ir de sa voie naturelle. Il essayait d'en faire un radical....
— Enfin, Caplain, répond Barrés, il faut reconnaître que Lamartine ne répugnait pas tant que ça à l'endoctrinement de Dargaud : il l'a écouté toute sa vie.
— .... Croyez-moi, reprenait Caplain, Dargaud était un délégué de la secte. Le bonhomme avait pour mission de con- quérir à la maçonnerie le génie et l'influence de Lamartine. Je ne sais pas si on raconte cela dans vos livres de critique, mais c'est la vérité. Le cas de Dargaud chez Lamartine, c'est un cas de tous les jours,... "
Ce que fut exactement Dargaud, et jusqu'où s'étendit son action sur Lamartine, — je l'ignore, et n'ai nulles clartés sur l'influence de la maçonnerie. Lamartine, à nos yeux, demeure un poète catholique ; s'il sort maintes fois de l'orthodoxie, c'est de bonne heure, et c'est naïvement ; sa propre nature et les courants d'idées contemporains expliquent assez ses écarts, sans qu'il faille encore supposer je ne sais quelles manœuvres secrètes. M. Henry Cochin donne, au sensdeBarrès, un plus juste point de vue : " Lamartine désirait le succès politique, et, dans ce temps-là comme aujourd'hui, pour obtenir une place au pouvoir il fallait laisser de côté toutes les idées religieuses ". Mais cela encore n'est vrai qu'à demi ; Barrés lui-même dira plus loin que même dans la politique Lamartine prétend " réintroduire Dieu ". — Quant aux origines de sa politique (et c'est elle ici qui compte avant tout, car c'est par elle qu'il a troublé les âmes, non par un doute irreligieux), n'oublions pas que le désir du succès et l'ambition de la gloire ont travaillé dans le sens d'une conviction spontanée et très lentement
�� �