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lOIO LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

trop délimitées ne seraient plus que des lieux communs. Il faut que l'artiste, au sein d'un groupe d'expériences passionnées, ait la subite révélation d'une loi pour que celle-ci lui apparaisse investie de ses anciens pouvoirs. Les lois sont des armes dont le tranchant — dont le double tranchant — s'émousse rapidement et auxquelles il faut faire subir, avant de les aiguiser, et la trempe de la négation, et celle de la découverte.

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��Il serait intéressant de faire l'analyse des mouvements d'épanouissement ou de décadence artistique, en emprun- tant la tournure d'esprit de nos critiques chagrins. Nous verrions ainsi que les plus pures floraisons d'art se sont produites à des époques où il eût été facile de déplorer avec la tournure d'esprit moderne, que les artistes se li- vrassent à des recherches, à des spéculations théoriques. Car les grandes périodes artistiques sont justement des périodes d'interrogation ardente. Tous les esprits sont orientés vers la recherche d'un système constructif et les cerveaux travaillent autant que les sensibilités. Des idées succèdent aux premières œuvres hésitantes et pré- parent les créations suivantes plus assurées. Ce sont les périodes dites archaïques ou primitives. A ces mouvements interrogatifs succèdent les mouvements satisfaits qui caractérisent les périodes de conclusion et de décadence. Les artistes héritent d'un système d'idées trop cohérent et de procédés infaillibles. Un maître suprême apparaît qui relie les lois en un faisceau définitif, et ses disciples épuisent en redites, en surcharges, en superfluités, une

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