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Page:NRF 13.djvu/1019

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DE LA NÉCESSITÉ DES THÉORIES lOII

activité qui ne peut plus s'user en d'anxieuses études. Les périodes privilégiées, aux créations abondantes et pures, sont justement les époques primitives où toutes les règles sont à découvrir, ou à redécouvrir. Une grande innocence baigne les esprits tout tournés vers une vérité à peine discernable. Les archaïques grecs ont le regard étonné de l'enfant qui interroge le monde à chaque ins- tant ; ils ont le sourire des premières découvertes et la robustesse des premières détentes. Phidias met un terme à une enquête de plusieurs siècles et laisse à ses successeurs une vérité trop parfaitement organisée, trop complète, pour qu'ils puissent y ajouter quoi que ce soit. Les figures de Scopas ou de Praxitèle portent déjà l'empreinte d'une lassitude infinie et leur corps s'amenuise à des contacts trop raffinés. De même, en France, le gothique résolvant tous les problèmes posés par le roman, perd de sa force au fur et à mesure qu'il s'éloigne, comme de sa source, des inquiétudes qui le motivèrent et meurt de se com- plaire dans une science tellement circonscrite qu'elle ne laisse place à aucune évasion.

La situation des jeunes peintres, qui ont reçu le baptême impressionniste, est merveilleuse, tellement elle est péril- leuse. L'artiste contemporain se trouve, si j'ose dire, en un double état de grâce et de corruption. D'ime part, il bénéficie de l'ensemble parfaitement cohérent des lois picturales impressionnistes. S'il ne cherche qu'à en tirer parti, avec la tranquiUité repue d'un légataire universel, il hérite de la malheureuse sécurité des périodes de conclusion et il est irrémédiablement condamné à ces redites mièvres dont les boutiques parisiennes accablent nos regards. D'autre part, pour peu qu'il médite, il doit

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