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I0I2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

arriver à reconnaître, à l'aide d'une série de raisonnements « théoriques », l'infériorité des moyens impressionnistes par rapport à l'interrogation impressionniste. Il épaissira ainsi autour de lui un mystère nouveau, il reculera les bornes de l'inconnaissable et pénétrera dans cette région de l'ignorance supérieure dont les triomphateurs du jour longent les parois extérieures, tout enivrés de leur petite science aveugle.

C'est obéissant confusément à ce besoin de dénuement inquiet et fécond que les futuristes souhaitaient niaise- ment la destruction des Musées et que de nos jours mille « paysagistes » au sens indiqué plus haut, se flattent de n'y jamais mettre les pieds. Redputant de faire l'ange, ils font la bête exprès ; ou bien, comme l'autruche qui croit être à l'abri du danger en se cachant sa tête sous l'aile, ils imaginent supprimer le fatal héritage en l'oubliant. Mais d'abord les Musées ne sont qu'un étalage d'exemples, et non un énoncé des règles que ces exemples illustrent. Raisonner devant un chef- d'œuvre n'est, la plupart du temps, que soulever une hypothèse. Le Réaliste « aux reins solides », ce n'est pas en se livrant sur la toile à d'herculéens efforts de déné- gation qu'il prouvera sa force, mais bien en acceptant de ses mdtres immédiats le plus d'indications possible. Le Gréco a pu, sans se diminuer, recevoir la leçon de Venise. Grâce à son acceptation des principes connus, il put apercevoir tous ceux qui lui restaient à découvrir. Les leçons, loin de les dessécher, abreuvèrent son instinct et sa raison ; elles eurent sur son esprit un pouvoir pneuma- tique ; elles créèrent un vide qu'il sut magnifiquement combler par des spéculations personnelles. De même

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