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��NOTES

��RÉFLEXIONS SUR LE BERGSONISME

Les époques troublées ont peut-être le privilège de dissiper pour un temps les conventions, de rappeler aux peuples leurs intérêts vitaux et de les mettre en présence de réalités avec lesquelles on ne peut ruser, dont on ne peut atténuer l'âpreté ou dissimuler les exigences. Tant d'événements surgissent et de si grands, que les événements passés se détachent de nous et entrent dans l'histoire. Dès maintenant ils peuvent être envisagés sans passion.

Dans la France ensanglantée, carrefour du Monde, ce ne sont qu'idées en conflit et hommes dans le doute. L'intelli- gence a été violemment ébranlée, s'il est vrai que l'intelli- gence est davantage qu'une attitude apprise et se confond avec l'expérience humaine. Pendant la guerre, nous avons assisté à des répudia-^ions, des palinodies, des suicides même. Les idées, les règles de conduite qui rappelaient trop naïve- ment ou trop franchement le kantisme et le romantisme allemand ont été proscrites sans qu'on puisse restituer leur place et leur rôle aux idées françaises, mal connues et désavouées pendant plus d'un demi-siècle. Le Bergsonisme, dont on sait les sympathies pour la pensée anglo-américaine et le goût pour la vie intérieure, est apparu alors comme la seule doctrine capable d'échapper à la tourmente. Une étude magistrale de Harald Hôffding, la Philosophie de Bergson, la polémique de Benda, des articles de revues entretinrent la curiosité à son sujet. Et voici que la publication récente de V Énergie

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