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vation aussi délicate. Il arrive que la déviation observée et qu’Einstein indiquait comme devant être double de celle calculée par l’ancienne théorie, est légèrement plus grande que la théorie d’Einstein ne le faisait prévoir. En tenant compte de la difficulté des mesures, on peut dire que le résultat est un triomphe pour Einstein. C’est le sentiment général des astronomes.

3) L’excitation causée par cette vérification sensationnelle avait fait momentanément oublier qu’il existe un troisième criterium expérimental de la théorie d’Einstein.

Si la théorie est fondée, on doit observer, dans un champ de forces dues à la gravitation, un déplacement des raies du spectre vers le rouge. Aucun effet de cette nature n’a pu être découvert. On ne voit pas jusqu’ici comment ce résultat négatif pourrait s’expliquer, à moins d’introduire dans la théorie d’Einstein quelque profonde modification. Il faut, sur ce point, prendre patience : la nouvelle théorie a si prodigieusement triomphé dans deux épreuves sur trois qu’elle contient certainement une part de la vérité, même si elle n’est pas encore tout à fait exacte.

L’hypothèse d’Einstein possède au plus haut degré le mérite de la beauté. Elle est un vaste regard d’ensemble sur les opérations de la nature ; la richesse des conséquences qui s’en déduisent est surprenante eu égard à la simplicité des prémisses qu’elle demande. C’est un remarquable exemple de progrès dû à la théorie pure ; c’est une œuvre qui peut redonner à la physique un aspect plus philosophique, et nous rendre quelque chose de cette unité intellectuelle que les grands systèmes scientifiques du xviie et du xviiie siècle comportaient…

Certes, il ne fait pas bon, sous bien des rapports, de vivre à notre époque, mais pour les amateurs de physique on y trouve parfois de grandes compensations. »