Page:NRF 13.djvu/130

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Cet extrême malaise que nous causait la constatation de certaines manifestations d'apparentes vertus chez ceux que nous devions et que nous voulions haïr, vous l'avez pourtant ressenti. Désireux de retrouver comme vous dites « l'aisance de votre souffle et le bon fonctionnement de votre cerveau », vous avez cherché et vous avez trouvé une explication, une interprétation de ces faits qui les rendît d'autant plus haïssables qu'ils risquaient de nous apparaître, au premier abord, plus dignes d'estime. Certains esprits vous en sauront le plus grand gré. Mais il advient parfois, tant votre explication des faits est subtile, que l'esprit l'oubUe peu de temps après la lecture, pour ne plus se souvenir que des faits eux-mêmes. C'est parce que nous risquons d'en être dupes que vous faites bien de nous avertir. Mais vous ne nierez point que votre interprétation ne vous ait coûté parfois quelque gêne. A vrai dire je ne suis même pas sûr que vous ayez toujours raison, et l'extrême intérêt que l'on prend à vous Hre, vient, sans doute, de ce que, souvent, en peignant l'Allemand et en vous opposant à lui, vous vous peignez du même coup vous-même. Ce n'est point seulement de l'Allemand qu'il s'agit dans votre livre, c'est aussi de la réaction française. Vous y motivez admirablement nos raisons d'inadmission en face des vertus allemandes.

Me permettrez- vous au surplus de vous dire que votre connaissance du peuple allemand est peut-être encore un peu jeune ? Non point que je pense que le nombre des années doive vous inviter à la modifier beaucoup par la suite ; mais sans doute serez- vous amené à retrouver chez d'autres peuples, que vous ne connaissez encore

�� �