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Page:NRF 13.djvu/135

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LETTRES OUVERTES 127

De même, lorsque vous dites qu'un artiste ne doit point « sauter des marches », que prétendez-vous et qu'a- vez- vous jamais fait que cela ? Je vous l'ai dit souvent : chaque fois que je parle avec vous, je songe au dialogue entre l'ours et l'écureuil. Où je me traîne, vous bondissez. Certes, je ne vous reproche pas de bondir ; mais de vou- loir nous persuader et d'être persuadé vous-même que vous êtes un logicien. Je vous reproche de sacrifier vos qualités les plus charmantes et les plus brillantes au profit d'autres plus pesantes que, peut-être, vous n'avez point.

Il faut enfin que je vous avoue la gêne que j'éprouve à hre votre « défense » de Parade. En général, il ne me pardt ni bien séant ni bien adroit pour un artiste d'expli- quer son œuvre ; d'abord, parce qu'il la limite du même coup, et que, lorsque cette œuvre est profondément sincère, elle déborde la signification que l'auteur lui-même en peut donner ; et puis je tiens que la meilleure explica- tion d'une œuvre ce doit être l'œuvre suivante. Dans ce cas particuher de Parade, ma gêne est augmentée par le fait que le lecteur de vos exphcations ne peut se reporter à la pièce, de sorte que le plus courtois que l'on peut faire c'est de l'acquitter par défaut.

Mais si le public et les critiques ont fait à Parade l'accueil contre lequel vous protestez, je voudrais être plus assuré que c'est à cause de leur sottise ; les commen- taires que vous en donnez me paraissent justifier moins votre pièce, que leur incompréhension. Pouviez- vous raisonnablement espérer qu'ils comprissent, ces specta- teurs, que le vrai spectacle n'était point celui que vous leur présentiez ?... Et même il me paraît que votre erreur

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