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NOTE SUR M. DESCARTES 177

Tout Juif procède d'un certain fatalisme. Oriental. Tout chrétien (actuel, français) procède d'une certaine révolte. Occidentale. Contrairement à ce que l'on croit, contrairement aussi aux plus fausses, aux plus spécieuses des apparences le Juif, quand on le connaît bien, trouve toujours que c'est encore bien comme ça, que c'est tou- jours ça de pris, qu'on est bien heureux d'avoir au moins eu ça, et qu'il est même étonnant qu'on l'ait eu. Le chré- tien, toujours inconsolé, n'en a jamais assez. Un Dieu est mort pour lui. Il regarde et trouve toujours qu'on est bien malheureux.

Tous deux sont fatigués, ne l'ai-je point dit. Non point tant de travail peut-être que d'un incurable souci. Le creusement de l'incurable souci du peuple d'Israël, ce creux de moelle qui court au long du creux de la tige de cette longue race. Et par Jésus la greffe incurable de ce souci sur les troncs plus drus de la force française. Ainsi est née la plus belle race de peine qui soit jamais venue au monde. Et ceci aussi est la réussite rare entre ces quelques réussites. Pour obtenir une mélancolie de cette profondeur incurable, aussi creuse et aussi mortellement gravée il fallait cette greffe et ce sauvageon, il fallait cette race et il fallait cette autre race, il fallait cette âme et il fallait cette autre âme et ce corps mortel, il fallait im virus aussi antique introduit dans un corps jeune et sain et il faut le dire sans défense. Il fallait un virus aussi acre et aussi sacré, macéré dans la seule race d'Orient qui eût été créée contre l'Orient, concentrée par une reconcentration de trente et de quarante siècles dans le secret de cette race, brusquement inséré dans une race neuve, dans tant d'innocence et tant de pureté, dans

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