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288 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

encore demeurer à un stade de leur science analogue à celui où en étaient je ne dis pas les historiens, mais les auteurs de manuels d'histoire au temps de l' histoire-bataille. Ils restreignent à on ne sait quel cercle noble étrangement choisi la suite des noms qui leur paraissent compter. Dès qu'on nous parle d'une histoire de la psychologie française, écrite par un philosophe professionnel, nous avons instinc- tivement l'image d'une série de chapitres non seulement sur Maine de Biran (qui a, celui-là, vraiment avancé dans l'étude de l'homme), mais sur JoufEroy qui invoque souvent, et de façon touchante, la révélation de la psychologie, et que la psychologie traite comme l'Esprit Saint fait des prélats dans la chanson de Béranger ; sur Gamier dont le Traité des Facultés de l'Ame réalisa assez longtemps dans les biblio- thèques universitaires une Summa psychologica ; ou, plus près de nous, sur Alfred Fouillée, dont la savonneuse Psycho- logie des Idées-Forces et ses complémentaires ne contiennent pas plus de sens utile. En revanche ni Stendhal, ni Mérimée, ni Balzac, ni Sainte-Beuve, ni Amiel, ni Rémy de Gk)urmont n'y figureraient.

M. Delacroix, qui dans ses études sur le Mysticisme a déjà annexé à l'étude de l'homme un domaine jusqu'ici trop abandonné, entamera, comme le prouve son livre d'aujour- d'hui, son sujet avec un esprit plus ouvert et plus souple. Il aura d'ailleurs de la peine à définir ce sujet sous forme d'une a histoire » suivie : si la psychologie est la connaissance de l'homme individuel en tant qu'il sent, pense et agit, nous voyons que cette connaissance, extériorisée en livres, résulte de quatre lignées qui, au xix® siècle, tantôt se coupent et tantôt divergent : les philosophes, les médecins, les mora- listes et les romanciers ; et il va falloir sans doute (pensons à Tarde et à un livre comme les Fonctions mentales dans les sociétés inférieures de M. Lévy-Brûhl) y ajouter une cin- quième, celle des sociologues ; — et pourquoi pas une sixième,

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