JOURNAL SANS DATES 421
— Non, rien. Je suis venu uniquement pour parler avec vous.
Craignant pourtant que la journée ne soit longue, je lui demande si cela ne l'intéresserait pas de voir un peu de peinture.
— Oh ! me dit-il, non ; pas encore. Tenez, si vous voulez me faire plaisir, emmenez-moi aux Champs-Elysées.
Une voiture nous mène au bois, traversant le parc Monceau.
En déjeunant, je le voyais de face. Je remarque, à côté de lui, combien il est différent, de profil. De face, on est séduit par son sourire presque enfantin; de profil, l'expression de son menton inquiète.
Nous reparlons de sa prison.
— Elle a eu ceci de bon, me dit-il, qu'elle a supprimé chez moi, complètement, tout remords, tout scrupule.
— Et maintenant que la société vous a frappé, vous vous sentez tous droits contre elle...
— Oui, tous les droits.
— Lutter contre la société, cela est passionnant, mais elle vous vaincra.
— Non. Je suis terriblement fort.
Il dit cela sans forfanterie aucune, avec une simple conviction.
Au moins, pensai-je, en cas de demande d'argent (car je garde une vague crainte qu'il ne soit venu à Paris pour me taper), ma phrase est prête : Si je vous aidais, vbus ne m'intéresseriez plus. Mais pour me mettre mieux en garde, profitant d'un moment où il affirme son amour de l'opulence :
— Moi pas, je vous l'avoue, ripostai-je ; bien qu'elle
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