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464 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de M. Rolland, analogue a celle de Han d'Islande ou de l'Homme qui rit dans Victor Hugo, ou de ce Protée que je rappelais tout à l'heure. Il attestera le fond robuste et plantureux, la terre grasse qui nourrit son riche talent. Cette terre en mottes n'est pas en soi fort belle à voir, mais c'est une bonne nourrice, elle nous fait penser aux belles récoltes d'hier, aux dix voitures pleines de Jean-Christophe, et penser aussi avec confiance aux mois- sons, aux récoltes de demain. M. Rolland, dans ce gros livre mal plaisant ou trop plaisant, nous avertit que bonhomme vit encore, nous le fait voir avec une santé que nous ne lui connaissions pas tout entière : nous l'attendons à l'emploi vrai de cette santé. albert thibaudet

��LETTRES DE PAUL GAUGUIN A GEORGES DE MONFREID (G. Crès).

Nous ne discuterons pas ici de l'opportunité de la publi- cation de cette correspondance, qui nous eût bouleversés il y a dix ans. Certes, les tourments d'un homme de valeur, sans cesse en butte à des soucis d'argent, assistant impuis- sant à la trahison de ses disciples, aux fausses interpréta- tions des poètes et aux manœuvres cupides de certains spé- culateurs, nous émeuvent; mais nous ne retrouvons plus dans notre cœur cette profonde tendresse que nous eûmes pour un de nos premiers initiateurs à «l'esprit nouveau »... d'avant la guerre, et les soucis d'art du peintre de Tahiti, si nous les voyons parfois exprimés dans ces lettres, nous ne pouvons presque plus les comprendre.

Aussi bien la pente qui nous entraîne est-elle pour ainsi dire le versant opposé de celui où se tient Gauguin — et nos préoccupations récentes, nous les constatons absolu- ment aux antipodes de celles qui sont formulées en quelques pages de ce livre.

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