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Page:NRF 13.djvu/566

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558 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Expliquez-moi plutôt ce que vous allez faire de ce jardin que j'ai préparé, et mon ami l'Ingénieur par son art,

— Orso qui vous parlait tout à l'heure, — y a introduit de bien loin

Ces eaux, les entendez- vous ? qui jamais ne font silence.

Tant de fleurs, voyez! Tant de choses dont j'ai eu l'idée et qui toutes cette nuit sont devenues des roses,

Pour vous. Pensée.

Tout ce qui tient dans la corbeille de mai I Tout ce sommeil et cette continence de la terre qui peu à peu, sans aucim viol, s'est enrichie jusqu'à une plénitude merveilleuse !

Comment ferez-vous pour venir à bout de tout cela ! Ce printemps si beau ! Quoi, ne voulez-vous rien épargner ?

PENSÉE. — Il ne reste que ces feuilles d'inaltérable à ma tête et cette petite grappe de raisin près de mon oreille.

ORIAN. — Pourquoi donc avoir choisi ce personnage de l'Automne quand je vous voyais plutôt venir à moi, telle que le Printemps avec im grand œillet comme un javelot entre les doigts ?

PENSÉE. — L'automne me plaît davantage et l'hiver plus encore.

L'intègre hiver qui de toutes choses ne laisse que l'âme

Toute nue et sans visage dans la foi.

ORIAN. — Rome n'a point d'hiver, une heure de sus- pens seule, le retour et non point l'arrêt, un sourire plus obscur entre des nuits plus longues.

Ici, la main de l'Automne est désarmée et votre pou- voir échoue.

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