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LE PÈRE HUMILIÉ S^Q

s'adresse à moi ! Comme quelqu'im de plus faible et cependant de plus fort,

Ce visage à la fois absent et nécessaire avec une déli- cieuse autorité !

Ainsi l'homme après un long exil qui retrouve le pays natal, et qui, le cœur battant, sous le profond voile de la nuit, reconnaît que c'est la patrie qui est là !

LE PAPE PIE. — Nous n'avons pas de vraie patrie ici-bas.

ORIAN. — Père, nous ne faisons rien sans vous. Tous les deux en même temps nous avons trouvé cette chose que nous ne cherchions pas.

Père, nous vous l'amenons, dites-le nous! que faut-il que nous fassions de notre petite sœur ?

LE PAPE PIE. — Est-ce un conseil que vous me demandez, enfants ? Car je ne puis sonder vos cœurs.

Et vous savez que le mariage est un sacrement, dont l'époux et l'épouse sont les seuls ministres.

ORIAN. — Conseillez-nous.

LE PAPE PIE. — Dans tout ce que vous dites je ne vois que la passion et les sens et aucun esprit de prudence et de crainte de Dieu.

Cette jeune fille vous a plu et vous ne voyez rien autre.

Mais le mariage n'est point le plaisir, c'est le sacrifice du plaisir, c'est l'étude de deux âmes qui pour toujours désormais et pour une fin hors d'elles-mêmes,

Auront à se contenter l'une de l'autre.

C'est une grande affaire et qui mérite réflexion et le conseil de plus anciens, comme la fondation d'une ville,

Cette maison fermée au miheu de qui jadis on conservait le feu et l'eau.

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