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658 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

nations qui s'isolent, ne vivent que de souvenirs et fouil- lent un passé mort. Sachant que la vie spirituelle est dans l'échange, elle a accueiUi toutes les idées, sûre d'elle-même : sa fantaisie, son esprit, le sentiment du ridicule, qu'elle a très vif, constituent sa sauvegarde. Elle refuse de suivre l'engouement des classes oisives qui mettent indifféremment à la mode un costume ou une nuance de sentiment. Assez artiste pour ne rien mépriser, elle détient le secret des transpositions. Le tumulte des désirs peut monter des cours italiennes avec une rumeur de fête et un parfimi d'aventure, elle en fait des châteaux en Touraine. Quand les idées anglaises affluent, elle les discute avec passion. Mais l'inquiétude métaphysique exaspérée par la vie triste des petites villes d'Allemagne du Nord s'insinue-t-elle ; son rire la dissipe et son sens exact des choses. Sans doute, il y eut parfois imitation servile et non adaptation véritable. L'action de l'ItaUe sur nos peintres, de la Grèce sur nos sculpteurs, de la pensée dite classique sur nos écrivains, de l'Allemagne sur nos philosophes fut telle. Elle est sur- venue toutes les fois qu'im doute de soi-même ou ime défaillance passagère permettait le jeu fie sentiments factices. Mais ces accidents sont négUgeables. Aucim académisme n'a jamais rallié l'imanimité des esprits. Les mouvements conventionnels ont toujours été le fait de groupes qui doivent à des circonstances imprévues un prestige usurpé et qui agonisent d'une mort lente à l'écart des courants nationaux. Eux seuls portent en eux tout l'avenir, d'eux seuls jaiUit, impétueuse comme une force élémentaire, notre volonté profonde. Et cette volonté est de comprendre. Notre pensée

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