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LE PÈRB HUMILlé 687

Ces longs jours de solitude, ces nuits où Ton ne dort pas et où l'on pleure beaucoup,

ORIAN. — Je les connais.

PENSÉE. — Tu les connais comme moi, mon cœur ? — Ces paroles que j'ai mises ensemble. — Ensuite, va-t'en et tâche de les oublier I

D y eut une femme jadis qui a sauvé le Pape, — im homme ne peut donner que sa vie, mais une fenrnie peut donner plus encore, — la mère de mon père, Sygne de Coûfontaine.

Et c'est sa fille maintenant sans yeux qui tend les mains vers celui que le Pape auprès de lui appelle son fils !

Et voici que dans mes veines le plus grand sacrifice en moi s'est réuni à la plus grande infortune, et le plus grand orgueil.

Le plus grand orgueil à la plus grande déchéance et à la privation de tout honneur, le Franc dans une seule personne avec le Juif.

Tu es chrétien, et moi, ce qui coule dans mes veines c'est le sang même de Jésus-Christ, ce sang dont un dieu fut fait, maintenant dédaigné !

Pour que tu voies, c'est pour cela sans doute qu'il fal- lait que je fusse aveugle ;

Pour que tu aies la joie, il me fallait sans doute cette nuit éternelle sans aucune parole que ma part est de dévorer !

ORIAN. — Viens avec moi où je suis.

PENSÉE. — Où tu es, est-ce qu'il y a de la place aussi pour le malheur ? où il y a tant de lumière, est-ce qu'il y a de la place aussi pour ces yeux qui ne veulent pas s'ouvrir ?

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