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LE PÈRE HUMILIÉ 705

ORSO. — Pensée de Homodarmes, ma chère femme,

c'est moi.

Silence.

PENSÉE, faiblement, — Est-ce vous, Orian ?

ORSO. — Ne me reconnaissez-vous pas ?

PENSÉE. — Je ne sais. C'est la voix d'Orian et ce n'est pas la sienne.

ORSO. — La voix et le cœur, Pensée, et tout ce qu'une seule heure permet de présence avec vous

A quelqu'un qui bientôt sera obligé de repartir.

PENSÉE. — Si vous êtes Orian, pourquoi ne venez- vous pas plus près ?

Et pourquoi déjà ne suis- je point, trop heureuse femme, entre vos bras ?

ORSO. — Si je me laissais prendre, on ne me laisserait plus partir.

PENSÉE. — Toujours partir! Ah! je ne sais que trop que je ne puis vous retenir pas !

ORSO. — Quatre mois, c'est à peine s'ils se sont écoulés.

Et déjà vous ne reconnaissez plus ma voix.

PENSÉE. — Il faut que mes sens se soient émoussés.

Comme une plante qui se ternit à cause du fruit qu'elle porte.

ORSO. — Cet enfant. Pensée ?

PENSÉE. — Aujourd'hui même je l'ai senti qui s'éveil- lait dans mon sein.

Oui, j'ai faiUi m'évanouir pendant que je respirais ces fleurs.

ORSO. — C'est moi qui vous les ai envoyées.

PENSÉE. — Pourquoi m' avoir laissée ainsi sans nou- velles ?

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