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706 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

ORSO. — Qu'est-ce qu'une lettre pouvait dire que vous n'eussiez su déjà ?

PENSÉE. — Comment va votre frère ?

ORSO. — Orso est bien. Est-ce que vous pensez encore à lui ?

PENSÉE. — Je l'aime comme vous l'aimez.

ORSO. — Il ne faut aimer que votre époux. Aucune parcelle de votre cœur aujourd'hui,

Cet avare Orian ne veut plus la laisser à un autre.

PENSÉE. — Vos paroles sont douces, Orian, plus tendres

Qu'aucune de celles que vous m'ayez dites autrefois, en ce temps qui fut court.

Pourquoi est-ce que je les écoute avec un cœur aussi pesant ?

ORSO. — Parce que je vais repartir, vous le savez ; mon congé qui n'est que de peu d'heures expire.

PENSÉE. — N'est-ce pas, pour ne plus nous revoir ?

ORSO. — Est-ce que vous me vo3dez tellement ?

PENSÉE. — Au delà de tout ce que les yeux peuvent voir, nous nous sommes touchés.

ORSO. — Pensée, je suis venu pour vous dire de prendre soin de cet enfant que sans doute je ne connaîtrai pas

Et qui est à son père comme il est à vous, ce qui demeure de lui,

Pour vous dire de ne pas l'oublier.

PENSÉE. — Je ne vis que pour lui et pour vous.

ORSO. — Et je suis venu vous dire une autre chose aussi, Pensée.

PENSEE. — J'écoute.

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