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Le public est formé, comme dans la plupart des lieux où les Français sont appelés à se réunir en commun, de rares particuliers et de pas mal de subalternes officiels insuffisamment camouflés en complaisants officieux. En l’espèce, ce sont des gardes ultra-violets couramment appelés « prétoriens prolétariens » et appartenant au régiment personnel du Dictateur et Délégué Suprême du Prolétariat. Leurs grosses moustaches rappelleraient les sicaires de la Troisième si elles n’étaient noyées dans le flot hirsute de barbes libertaires.


JURÉ N° 1. — Introduisez le N° 8.333 et dernier.

JURÉ N° 2 (le catastrophiste). — Comment, dernier ? Il n’y avait en France que 8.333 capitalistes ?

JURÉ N° 3 (l’archiviste). — Ouf ! tant mieux ! j’en ai assez. J’ai hâte de revenir à la science paléographique. Le comité de « Répartition Intellectuelle » vient de m’octroyer une équipe de terrassiers qui m’aideront singulièrement à piocher les palimpsestes.

N° 1. — Notre dictature est scientifique, méthodique et nullement dénuée de roublardise. Nous ne frappons que les capitalistes invétérés et entêtés, ou inaptes aux corvées, ou ces empotés qui n’ont pu trouver des « parrains prolétariens » conformément au décret automatique du jour 15, mois 4, de l’année 2. Mais nous gardons soigneusement les autres pour balayer les chambrées, rues et bistrots.

N° 2. — Le prolétariat absorbe bien des traîtres. Depuis qu’on a décrété l’habit obligatoire dans les cinémas nationaux, on ne reconnaît plus les siens.

N° 3. — Ah ouiche ! Les ci-devant gens du monde ont des façons crapuleuses qu’on flaire à quinze pas.

N° 1. — Voici le N° 8.333.