Page:NRF 13.djvu/741

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

LA SYMPHONIE PASTORALE 733

elle n'avait rien à me dire, — ce qui est le prélude habi- tuel des plus longues explications, — et qu'elle n'avait qu'à se soumettre comme toujours à ce que je pouvais inventer de moins pratique et de plus contraire à l'usage et au bon sens. J'ai déjà écrit que je n'étais nullement fixé sur ce que je comptais faire de cette enfant. Je n'avais pas encore entrevu, ou que très vaguement, la possibilité de l'installer à notre foyer, et je puis presque dire que c'est Amélie qui d'abord m'en suggéra l'idée lorsqu'elle me demanda si je pensais que nous n'étions pas « déjà assez dans la maison ». Puis elle déclara que j'allais tou- jours de l'avant sans jamais m'inquiéter de la résistance de ceux qui suivent, que pour sa part elle estimait que cinq enfants suffisaient, que depuis la naissance de Claude (qui précisément à ce moment, et comme en entendant son nom, se mit à hurler dans son berceau) elle en avait « son compte )*et qu'elle se sentait à bout.

Aux premières phrases de sa sortie, quelques paroles du Christ me remontèrent du cœur aux lèvres, que je retins pourtant, car il me parait tou- jours malséant d'abriter ma conduite derrière l'autorité du livre saint. Mais dès qu'elle argua de sa fatigue je demeurai penaud, car je reconnais qu'il m'est arrivé plus d'une fois de laisser peser sur ma femme les consé- quences d'élans inconsidérés de mon zèle. Cependant ces récriminations m'avaient instruit sur mon devoir ; je supphai donc très doucement Amélie d'examiner si à ma place elle n'eût pas agi de même et s'il lui eût été possible de laisser dans la détresse un être qui manifes- tement n'avait plus sur qui s'appuyer ; j'ajoutai que je ne m'illusionnais point sur la somme de fatigues nouvelles

�� �