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Page:NRF 13.djvu/754

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746 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

(C'est de ce jour qu'elle prit l'habitude de dire : Je suis joyeuse comme un oiseau). Et pourtant l'idée que ces chants racontaient la splendeur d'un spectacle qu'elle ne pouvait point contempler avait conmiencé par la rendre mélancolique.

— Est-ce que vraiment, disait-elle, la terre est aussi belle que la racontent les oiseaux ? Pourquoi ne le dit-on pas davantage ? Pourquoi, vous, ne me le dites-vous pas ? Est-ce par crainte de me peiner en songeant que je ne puis la voir? Vous auriez tort. J'écoute si bien les oiseaux ; je crois que je comprends tout ce qu'ils disent.

— Ceux qui peuvent y voir ne les entendent pas si bien que toi, ma Gertrude, lui dis-je en espérant la consoler.

— Pourquoi les autres animaux ne chantent-ils pas ? reprit-elle.

Parfois ses questions me surprenaient et je demeu- rais un instant perplexe, car elle me forçait de réfléchir à ce que jusqu'alors j'avais accepté sans m'en étonner. C'est ainsi que je considérai, pour la première fois, que, plus l'animal est attaché de près à la terre et plus il est pesant, plus il est triste. C'est ce que je tâchai de lui faire comprendre ; et je lui parlai de l'écureuil et de ses jeux.

Elle me demanda alors si les oiseaux étaient les seuls animaux qui volaient.

— Il y a aussi les papillons, lui dis-je.

— Est-ce qu'ils chantent ?

— Ils ont une autre façon de raconter leur joie, repris- je Elle est inscrite en couleurs sur leurs ailes... Et je lui décrivis la bigarrure des papillons.

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