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Page:NRF 13.djvu/807

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NOTES 799

Quand il l'eut reçu, je lui dis tout bas : « Va mon doux frère, sous peu tu seras aux noces éternelles ! » Il s'étendit avec une grande douceur ; je lui découvris le cou et inclinée vers lui, je lui rappelai le sang de l'Agneau. Ses lèvres ne profé- raient que « Jésus ! » « Catherine ! » Et je fermai les yeux en disant : « Je veux » et je reçus sa tête entre mes mains. — Aus- sitôt, je vis r Homme-Dieu dont la clarté ressemblait à celle du soleil... Cette âme entra dans la blessure ouverte de son côté et la vérité me fit comprendre que cette âme était sauvée par pure miséricorde, par grâce, sans aucun mérite de sa part... — Et cette âme fit quelque chose d'une douceur telle que mille cœurs ne pourraient la contenir... Déjà elle com- mençait à goûter la suavité divine ; alors elle se retourna comme fait l'Epouse, quand elle est arrivée au seuil de la maison de l'Epoux : elle regarde en arrière et incline la tête pour saluer et remercier ceux qui l'ont accompagnée. » Cathe- rine ajoute : « Hélas ! pauvre misérable, je ne veux plus rien dire. Comment pourrais-je supporter de continuer à vivre ici-bas sur cette terre ! » C'est le cri qui revient sans cesse dans ses Lettres intarissables et dans le Dialogue avec Dieu qu'elle dicta en moins de six jours : « Amore, Amore, la morte ti addimando I Amour, amour, je te demande la mort. » Ah ! quand donc « celle qui n'est pas » sera-t-elle en présence de « celui qui est », qui tant de fois lui fit entrevoir son visage ! Cette vierge farouche a une cour de saints adorateurs ; un seul osa un jour lever les yeux sur elle ; il s'enfuit aussitôt et comme Judas, de honte — se pendit. Ils n'étaient pas là pour tuer le temps, comme dans les jardins de Boccace ; elle leur répétait le précepte du laboureur : « Ne détournez pas la tête pour regarder la charrue»; quand ses yeux se fermèrent ils n'avaient pas quitté la direction du sillon. — On sait que les œuvres de sainte Catherine de Sienne comptent parmi les monuments de la httérature italienne, au même titre que les Fioretti ; tout entières « parlées » — Catherine n'écrivait

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