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8l2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

congrès d'Iéna il avait échappé à Bebel : i Le mot d'ordre n'est pas de désarmer, mais d'augmenter les armements. »

Cet esprit — faut-il dire nouveau ? — du socialisme alle- mand, Charles Andler nous le révéla en 1912. Sans se croire héroïque. Sans chercher le bruit.

Simplement il accomplissait un double devoir : devoir d'historien qui a jeté un nouveau coup de sonde dans des parages explorés par lui depuis vingt ans ; devoir de socia- liste dont l'attachement à un idéal humain restera exem- plaire.

Mais tandis qu 'Andler épiait dans les livres et dans la vie l'évolution sociale, que de toute son âme et de toute sa conscience il recherchait la vérité, d'autres intellectuels du parti restaient pohticiens, tacticiens purs. Ignorant les laits qui les eussent tirés d'un optimisme béat, ils se préten- daient assurés de mener un mouvement international et unifié. Rêvant généreusement de souder les éghses natio- nales, ils repoussaient la probe information qui démentait leur rêve. Même Jaurès fut victime de l'illusion ; il voulut l'être. Mal entouré, circonvenu et trop faible un jour pour regarder les choses en face, il se laissa aller à reprocher à son ancien camarade de travailler « pour l'Europe bourgeoise et réactionnaire ». Et à sa suite un « troupeau de buffles b piétina l'apôtre de la vérité, au printemps de 1913, alors que l'on discutait la loi de trois ans.

La justification d' Andler est venue — combien vite ! — et la réparation. Jean Richard-Bloch, Charles Albert, les plus purs, les meilleurs ont compris et témoigné, Jaurès aussi fût venu à résipiscence, dit Andler dans une émou- vante introduction.

Ainsi se clôt pour l'auteur un débat dont il sort grandi. Et les pièces qu'il rassemble éclaireront l'histoire d'hier. Elles serviront en outre d'introduction à la vie de demain. Un merveilleux remueur d'idées nous initie dans ce livre,

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