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Page:NRF 13.djvu/890

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882 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

Je prends une grosse voix paternelle pour lui dire :

— Voyons, mon garçon : tu as tellement l'habitude de mentir qu'on ne te croit plus sur parole. Si tu as pris ce porte-monnaie, rapporte-le tout simplement.

Il a un air fermé de petit paysan qui n'en dira pas plus long qu'il ne veut.

— M'sieur Jacques, je ne l'ai pas pris.

— Je te donne jusqu'à ce soir. Je travaille dans le jardin. Rapporte-le-moi. Personne ne te verra, et ce sera une affaire finie. Mais je ne veux pas que tu te moques de nous. Va, réfléchis.

Il ne reparaît pas dans la soirée. J'apprends seulement qu'il a dit à un des autres valets de ferme :

— Celui qui a pris le porte-monnaie, il me le paiera. Le lendemain, vers dix heures, arrivent le brigadier

et le gendarme. Je connais déjà ce dernier, un rouquin maigre qui n'a pas l'air méchant, mais jamais je n'ai vu le brigadier : grand, trapu, moustaches retroussées. Je les fais entrer dans la salle à manger et je leur raconte ce que je sais de l'histoire. On me questionne sur mes domestiques. Je me porte garant de leur honnêteté. Mon récit est abrégé, transposé dans le style du brigadier et dicté au gendarme. Je signe et je laisse les deux hommes descendre à la ferme de Maisonneuve. Au bout de vingt minutes, le brigadier revient :

— Il a avoué... ah ça n'a pas été facile. Il est roublard. Tout de suite j'ai voulu lui faire de l'impression : « Allons, toi, prends tes affaires et suis-nous. » Puis dans la petite salle de la ferme, j'ai commencé à l'interroger : « C'est toi qui as fait le coup. Allons, avoue-le. » M. et Mme Dolet lui disaient : « On ne veut pas te faire de mal, mais on veut

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