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l'enfant qui s'accuse 883

savoir qui a pris le porte-monnaie. » Il n'y a rien eu à en tirer. Alors nous lui avons dit : « Ça va bien. On va t 'in- terroger chez le juge de paix. Tant pis pour toi. » Et nous sommes partis avec lui. J'ai continué : « Voyons, l'as-tu donné à quelqu'un ?» Il a fait : non. « L'as-tu caché quelque part ? L'as-tu enfoui ?» Il a encore fait : non. «L'as-tu jeté dans l'étang pour t'en débarrasser ? » Alors il n'a rien répondu. Ah! j'ai senti que ça venait. Je l'ai pressé. J'ai dit : « Oui, tu l'as jeté dans l'étang. » J'ai vu les larmes qui lui montaient. Il a fait un signe de tête. « C'est bien ça ? Tu l'as jeté dans l'étang ? » Alors il a dit : « Oui. » Il est à votre barrière avec le gendarme.

Comme nous allons les rejoindre, le brigadier reprend, avec la joie que donne un travail lestement fait :

— Oui, depuis un moment, je sentais que ça venait, que ça montait...

Et pour mieux me faire comprendre, il respire comme un homme qui se noie :

— C'était l'instant dont il fallait profiter... Alors je l'ai pressé... Maintenant il pleure... Il est comme soulagé.

Le petit a quelques larmes, en effet. Mais elles semblent arrachées par la rage d'avoir faibli, plus que par l'angoisse ou la honte. Je lui dis :

— Pourquoi n'as-tu pas avoué tout de suite que tu l'avais jeté dans l'étang ? On n'aurait pas fait tant d'his- toires. Les gendarmes ne seraient pas venus. Maintenant tout le monde le sait.

— Dis-nous à quel moment tu l'as pris? demande le brigadier.

— En traversant la salle à manger.

— Où était le porte-monnaie ?

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