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Page:NRF 13.djvu/913

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l'enfant qui s'accuse 905

— Alors ce n'est pas toi ?

— Non, ce n'est pas moi.

Enfin ! Mais cette phrase lui est arrachée comme à d'autres l'aveu d'un crime. Il était temps ; le juge rentre.

— Il dit maintenant qu'il ne l'a pas pris du tout, fait le greffier joyeusement.

Cette fois le juge en a assez. Les yeux lui sortent de la tête. Il se tourne vers Julien :

— Alors vous venez déclarer ex abrupto que votre déposition était erronée.

L'enfant, complètement hagard, fait oui de la tête, bien qu'il n'ait compris ni ce que signifie « ex abrupto », ni — ce qui est plus grave — « erronée ». La moitié des questions n'ont-elles pas dû lui échapper de la même manière ?

— Pourquoi avez- vous dit que vous l'aviez pris ?

— J'ai eu peur...

Le juge dicte au greffier une courte déclaration, où l'enfant se rétracte. On signe. Le juge aimablement m'ac- compagne jusqu'au tacot en parlant d'autre chose. Puis au dernier moment, d'un ton paternel et comme pour me montrer qu'il n'est pas dupe de mon excès d'indul- gence :

— Il n'y a aucun doute sur le fait matériel, aucun doute.

Consterné de la tournure qu'a prise l'interrogatoire, je brusque un peu l'enfant dans l'auto :

— Tu peux te vanter d'avoir été mahn. Pourquoi as- tu raconté tout ça ?

Mais je ne puis rien en tirer.

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