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LA SYMPHONIE PASTORALE 925

quelques bonnes fois hurler tout son soûl, quand je ne suis point là. Mais je sais bien que c'est surtout alors qu'elles s'empressent.

Sarah ressemble à sa mère, ce qui fait que j'aurais voulu la mettre en pension. Elle ressemble non point, hélas ! à ce que sa mère était à son âge, quand nous nous soDomes fiancés, mais bien à ce que l'ont fait devenir les soucis de la vie matérielle, et j'allais dire la culture des soucis de la vie (car certainement Amélie les cultive). Certes j'ai bien du mal à reconnaître en elle aujourd'hui, l'ange qui souriait naguère à chaque noble élan de mon cœur, que je rêvais d'associer indistinctement à ma vie, et qui me paraissait me précéder et me guider vers la lumière — ou l'amour en ce temps-là me blousait-il ?... Car je ne découvre en Sarah d'autres préoccupations que vulgaires ; à l'instar de sa mère elle se laisse affairer uniquement par des soucis mesquins ; les traits même de son visage, que ne spiritualise aucune flamme intérieure sont mornes et comme durcis. Aucun goût pour la poésie, ni plus généralement pour la lecture ; je ne surprends jamais, entre elle et sa mère, de conversation à quoi je puisse souhaiter prendre part, et je sens mon isolement plus douloureusement encore auprès d'elles que lorsque je me retire dans mon bureau, ainsi que je prends coutume de faire de plus en plus souvent.

J'ai pris aussi cette habitude, depuis l'automne et encouragé par la rapide tombée de la nuit, d'aller chaque fois que me le permettent mes tournées, c'est-à-dire quand je peux rentrer assez tôt, prendre le thé chez Made- moiselle de la M... Je n'ai point dit encore que, depuis le mois de novembre dernier, Louise de la M... hospitalise

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