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Page:NRF 13.djvu/935

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LA SYMPHONIE PASTORALE 927

petites élèves n'y demeurent pas insensibles. Ces enfants, dans cette atmosphère de paix et d'amour se développent étrangement et font de remarquables progrès. J'ai souri d'abord lorsque Mademoiselle Louise a parlé de leur apprendre à danser, par hygiène autant que par plaisir ; mais j'admire aujourd'hui la grâce rythmée des mouve- ments qu'elles arrivent à faire et qu'elles ne sont pas, hélas ! capables elles-mêmes d'apprécier. Pourtant Louise de la M. me persuade que, de ces mouvements qu'elles ne peuvent voir, elles perçoivent musculairement l'har- monie. Gertrude s'associe à ces danses avec une bonne grâce charmante, et du reste y prend l'amu- sement le plus vif. Ou parfois c'est Louise de la M... qui se mêle au jeu des petites, et Ger- trude s'assied alors au piano. Ses progrès en musique ont été surprenants ; maintenant elle tient l'orgue de la chapelle chaque dimanche et pré- lude au chant des cantiques par de courtes impro- visations.

Chaque dimanche elle vient déjeuner chez nous ; mes enfants la revoient avec plaisir, encore que leurs goûts et les siens diffèrent de plus en plus. Amélie ne marque pas trop de nervosité et le repas s'achève sans accroc. Toute la famille ensuite ramène Gertrude et prend le goûter à la Grange. C'est une fête pour mes enfants, que Louise prend plaisir à gâter et qu'elle comble de friandises. Amélie elle-même, qui ne laisse pas d'être sensible aux prévenances, se déride enfin et paraît toute rajeunie. Je crois qu'elle se passerait désormais malaisément de cette halte dans le train fastidieux de sa vie.

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