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934 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et moins aimant, que de viendrai- je ? Seigneur, il m'appa- raît parfois que j'ai besoin de son amour pour Vous aimer.

27 Mai

Un surcroît de travail m'a permis de traverser ces derniers jours sans trop d'impatience. Chaque occupa- tion qui peut m'arracher de moi-même est bénie ; mais tout le long du jour, à travers tout, son image me suit.

C'est demain qu'elle doit revenir. Amélie, qui durant cette semaine ne m'a montré que les meilleurs côtés de son humeur et semble avoir pris à tâche de me faire ou- blier l'absente, s'apprête avec les enfants à fêter son retour.

28 Mai

Gaspard et Charlotte ont été cueillir ce qu'ils ont pu trouver de fleurs dans les bois et dans les prairies. La vieille Rose confectionne un gâteau monumental que Sarah agrémente d'ornements de papier doré. Nous l'at- tendons pour ce midi.

J'écris pour user cette attente. Il est onze heures. A tout moment je relève la tête et regarde vers la route par où la voiture de Martins doit approcher. Je me retiens d'aller à leur rencontre : mieux vaut, et par égard pour AméUe, ne pas séparer mon accueil. Mon cœur s'élance... ah ! les voici !

28 au soir

Dans quelle abominable nuit je plonge ! Pitié, Seigneur, pitié ! Je renonce à l'aimer, mais, Vous, ne permettez pas qu'elle meure !

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