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I20 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

l'atmosphère de la catastrophe, aucun ne me dit mieux, c'est- à-dire plus douloureusement, l'impuissance actuelle des hommes à conjurer leurs naufrages. C'est d'abord Europe que je relirai pour me défendre de l'oubli, pour sauver de l'abîme futur le trésor de mes propres souffrances.

GEORGES DUHAMEL

�� ��WALTHER RATHENAU, par Gaston Rapha'él {^2.jo^ et Cie).

^- Il était temps que ce beau sujet fût traité. M. Raphaël le présente dans l'ordre le plus lucide, avec abondance de rensei- gnements et de citations. Son livre est de ceux qui peuvent le mieux nous éclairer l'Allemagne et guider nos prévisions sur son avenir prochain.

,.-,, Il n'est pas commun que le fondateur d'une grande entre- prise laisse en la personne de son fils, un successeur capable de le dépasser. Il est plus rare encore que l'héritier d'une telle charge conserve, dans l'action même et sans dommage pour l'action, le don et le goût de la philosophie. Rathenau a le droit d'écrire : " Il semble que la nature ait voulu expérimen- ter sur moi dans quelle mesure la vie de la contemplation et celle de la volonté peuvent mutuellement se pénétrer. " Que le directeur de l'énorme " Société générale d'Electricité " (A. E. G.) ait pu écrire les livres : Critique de ce Temps, — La Mécanique de VEsprit, — Choses a Venir, voilà qui suffirait à nous intéresser. Mais il y a eu la Guerre ; cette guerre aurait moins duré, notre victoire aurait été plus prompte, si l'Alle- magne avait moins savamment ménagé ses ressources réduites par le blocus ; or l'œuvre de ravitaillement, de réquisition, de répartition entre les industries risquait, sans l'effort de Rathe- nau, d'être commencée trop tard. C'est lui qui le premier y pensa, trois jours après l'intervention anglaise ; et c'est lui qui

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