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122 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

son concours inutile, ne tient pas à préserver les privilèges de la noblesse allemande. Mais il accepte la monarchie, il attache peu d'importance aux formes du gouvernement, il n'a souci de la " volonté du peuple " et voit surtout,dans le parlementarisme, un moyen d'élargir le cercle où se recrutent les compétences. L'essentiel est d'organiser la production pour l'intérêt commun. Non pas selon l'esprit du socialisme. Celui-ci ne croit qu'à la science et aux besoins matériels. Il ignore le cœur humain. Il méconnaît la grande fonction du capital : " diriger le courant mondial du travail vers les points où le besoin est le plus pressant ", et la nécessité de la rente " fondée sur la nécessité de la sélection dans les placements ". Rathenau ne veut surtout point qu'on diminue le rôle des chefs d'industrie, ni leurs responsa- bilités, pourvu qu'ils ne réclament pour eux d'autre avantage que la joie même de commander. Ce n'est pas le pouvoir qui est nuisible, c'est le luxe et l'oisivité. Donc, suppression des monopoles, restriction du droit d'héritage, éducation populaire faisant sauter les barrières des classes, lois somptuaires ramenant le travail collectif à la production des objets nécessaires, afin d'en abaisser le prix. Ainsi séparée du droit aux jouissances, la propriété devient comme impersonnelle ; le chef se subordonne à l'entreprise, qui acquiert une vie propre, comme autrefois l'Eglise, l'Etat, ou la commune. Et cette vie même ne doit pas rester autonome : les entreprises se groupent en syndicats de professions ; les syndicats, en énormes fédérations industrielles, qui règlent, par leur accord, la distribution du travail. L'Etat ne dirige pas, il contrôle : " Il peut émettre des exigences là où il est utile, et doit être utile là où il émet des exigences ". Enfin, la production nationale à son tour s'encadre dans une organisation universelle : *' Je n'entends par là ni la suppression de l'économie nationale, ni celle du libre échange ou des lignes douanières, mais bien : la répartition et l'administration en commun des matières premières internationales, la répartition des marchés internationaux et des moyens financiers inter-

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