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146 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

œuvres une vertu supplémentaire, qui manque considérable- ment à l'art contemporain.

Le portrait de Galanis, peint avec science et amour, m'a procuré une des rares émotions de ce Salon, ainsi que la jeune fille de Bissière qui, désertant délibérément la fresque, où ce peintre excelle, sourit à la vie plus moelleuse et plus intense de la peinture i\ l'huile. Le feu intérieur anime ces deux toiles sourdes. Le Concert de Lotiron, plein de douceur familiale, est une des rares tableaux nés d'une inquiétude nouvelle amorçant de proches réussites. Il est conçu avec un sens très juste de la valeur plastique des lignes, lesquelles s'établissent en profondeur grâce à une compréhention déjà savante du clair-obscur. La nature morte de Utter est somptueuse et recueillie. La richesse de deSegonzac tient plus à la sensualité de la matière et au jeu des valeurs qu'à l'éclatement des cou- leurs, et c'est très bien ainsi ; celle de Boussingault réside en un jeu simple de tons rares enfermés dans un trait cependant un peu cursif et un tantinet dandy ; Moreau est représenté par une toile ancienne, les Aviateurs réfléchie et équilibrée. Gleizes pousse le plus loin possible la recherche des moyens " indirects " d'expression. Il expose deux toiles rapportées des plus lointaines excursions qu'on peut faire en soi-même. Lorsqu'il reprendra son Homme au balcon d'inspiration plus vaste, il bénéficiera des découvertes qui seules favorisent les grands aventures. Dans le même ordre d'idées, Bruce a peint un homme par "suggestion picturale" fort agréable à regarder " en peintre". Gernez, soucieux d'équilibre, oppose pour des contrastes harmonieux, des éléments traditionnels et modernes, en cherchant des dosages savants. Favory, con- traint de bonne heure à l'expérience la plus dangereuse : le portrait de commande, essaie de sauvegarder ses indéniables dons de peintre, malgré le cadre étroit qu'assigne à l'artiste les exigences mondaines. Qu'il se venge bientôt en peignant une scène d'auberge ? Ce n'est pas à Boldini qu'il doit demander des inspirations, mais à Brauwer. Mondszain, impatient, a voulu utiliser en une grande toile, très bien composée par la répartition des lumières, une technique peut être trop rapide-

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