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MARCEL PROUST ET LA TRADITION CLASSIQUE I93

se mettent en révolution sans qu'il leur ait été fait quel- que positive et vraiment cruelle injure.

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��J'aurais beaucoup aimé à n'écrire sur Proust qu'à la façon dont il écrit lui-même, c'est-à-dire avec lenteur, complaisance et détail. J'avais commencé, il y a six mois, sur son roman, une étude où je voulais mettre, à défaut d'autres qualités, toute ma patience. Pressé par l'actualité, je ne vais pouvoir en donner aujourd'hui qu'un extrait, quitte à corriger plus tard par d'autres considérations ce que celles qu'on va lire ont peut-être de trop exclusive- ment technique.

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��Je ne puis prendre pour un simple hasard le fait que Proust a vu se coaliser principalement contre lui tous les tenants de " l'art révolutionnaire ", tous ceux-là qui, confondant vaguement politique et littérature, s'imaginent que la hardiesse est toujours de même sens dans les deux domaines, que dans le second comme dans le premier il n'y a d'initiative qu\n avanty que l'inventeur est toujours celui qui va plus loin que les autres, — tous ceux-là qui se représentent l'innovation littéraire comme une émancipation et qui saluent comme un pas de plus vers la Beauté chaque abandon d'une règle jusque-là respectée, chaque nouvelle entrave qui tombe, chaque précision de moins qu'on apporte. L'un d'eux, non sans candeur, a traité Proust d'écrivain " réactionnaire ". Et comment eût-il compris qu'en littérature il peut y avoir des révolutions en arrière, des révolutions qui consistent à faire moins

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