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SAMUEL BUTLER 2 1

vivait d'une pension que lui faisait le père de son enfant. Elle avait eu des devancières, mais elle n'eut pas de rivale.

Revenons à Erewhon, Refusé, sur l'avis de George Meredith (le romancier) par la maison Chapman et Hall, il fut publié, aux frais de l'auteur, par Trûbner, en mars 1872. C'était un livre qui demandait à être lu attentive- ment et qui, si aucune cause n'était venu le signaler à l'attention du public, aurait passé inaperçu. Cette cause se produisit ; quelque temps auparavant avait paru La Race qui vient, roman fantastique, par Lord Lytton, qui ne l'avait pas signé, mais qui avait laissé courir le bruit qu'il en était l'auteur. On crut que Erewhon était de la même main, ou de quelque autre aristocrate connu, et tant que Butler n'eut pas annoncé que c'était son œuvre, on l'acheta. Dès lors le grand public s'en dé- tourna, mais l'attention de l'élite avait été éveillée, et le livre prit d'emblée sa place au premier rang des grands ouvrages satiriques de la littérature anglaise, tout près des Voyages de Gulliver.

Les rapports entre Butler et sa famille étaient déjà très tendus et, pour des questions d'intérêt, le père et le fils avaient été sur le point d'aller devant les tribunaux. La publication à^ Erewhon n'arrangea pas leur querelle. Un ecclésiastique ne pouvait guère approuver un livre qui contenait un chapitre comme celui des Banques Musicales. Aussi, lorsque l'année suivante (1873) Samuel fut appelé à Menton auprès de sa mère mourante, il ne fut pas très surpris, quand tout fut fini, d'entendre son père lui dire que c'était Erewhon qui avait été la cause principale de la mort de sa mère.

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