Page:NRF 14.djvu/28

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

22 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

A partir de la publication de Erewhon nous devons envisager S. Butler surtout comme écrivain. Il n'aban- donna pourtant pas la peinture, et même en 1874, il exposa le plus important de ses tableaux : Le jour de congé de M. Heatherley^ aujourd'hui à la Tate Gallery ; et ce ne fut qu'à partir de 1877 qu'il cessa de se considérer comme un peintre de profession. Il reconnut de bonne grâce qu'il avait échoué dans cet art (il voulait dire : qu'il n'avait pas réussi à s'y exprimer pleinement, comme il l'avait fait en littérature). Dès lors il voulut ne se regarder que comme un amateur en peinture, et il peignit encore de nombreuses toiles, pour son plaisir. On peut en voir un bon nombre à Cambridge ; paysages, vues d'Italie, portraits de ses amis et de lui-même. Un de ses derniers portraits (peint en 1878) a été offert au Collège St-Jean par H. F. Jones en 191 1.

Peut-être est-il temps de donner ici un bref signalement de S. Butler. Contrairement au héros de Erewhon^ il était de taille plutôt petite, et il avait le teint si brun qu'une fois, en Nouvelle-Zélande, il fut pris de loin pour un Maori. Ses cheveux, d'un brun-roux foncé, étaient (1878) abondants, plantés un peu bas vers le milieu du front, mais découvrant largement les tempes. Ses sourcils, d'une épaisseur et d'une largeur peu communes, mais légèrement relevés vers les tempes, formaient un curieux contraste avec ses yeux, bleus, vifs, et souvent malicieux. Dans le portrait de 1878 — comme dans tous ceux des vingt- quatre dernières années de sa vie, — il porte la barbe (d'une coupe de forme assez française).

Entre l'achèvement et la publication de Erewhon^

�� �