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Page:NRF 14.djvu/337

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d'une organisation du travail intellectuel 331

mande à chacun de s'effacer. Nous consumons une part de notre vie à savoir qui franchira le premier la porte.

Notre impuissance n'est pas due, quoi qu'on dise, à l'incertitude des masses, ni aux abus de pouvoir dont on les accuse. Les aspirations collectives ne manquent pas de se manifester quand il faut. Le peuple accepte les ordres qui lui sont donnés par une autorité ferme et juste. Ce n'est pas à lui que l'anarchie est imputable.

Notre inertie vient bien plutôt de la confusion au mi- lieu de laquelle s'agitent les chefs prétendus de la société française contemporaine. Quand une société souffre d'anarchie, c'est à la tête qu'il faut aller voir. Parmi les hommes qui croient appartenir à la caste pensante, la plupart conçoivent en désordre, décident au hasard, ignorent l'art de faire exécuter, craignent de faire obéir. A qui appartient-il de transmettre leurs vagues résolutions ? Quand une parole a été dite, nul ne veille aux suites. Nous croyons à la toute-puissance du verbe.

En vérité, nous manquons d'un principe qui conci- lierait l'égalité et l'obéissance, et rendrait l'organisation possible entre nous.

�� ��C'est que malgré le culte que la mode nous contraint de rendre à l'idole Organisation, il en est d'elle comme des dieux ; nous en ignorons tout, en dehors du nom. Il nous semble que tout sera dit quand nous aurons arrêté quelques dispositions nouvelles. Tout ne sera pas dit et rien ne sera fait. Car l'organisation est l'œuvre

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