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344 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

fondamental ! Dès lors que les personnes sont égales en droit, elles ont des devoirs égaux. Tous doivent servir.

Le mérite même ne justifie aucun privilège. Les qua- lités personnelles de chacun sont au profit du groupe. Elles ne légitiment aucune dignité particulière.

Aussi les travailleurs intellectuels ne peuvent-ils pré- tendre à plus de considération que les ouvriers. Ils sont enfermés dans le même cadre. Ils n'y occupent pas des degrés différents. La hiérarchie, mot où se conserve le vieil esprit de l'ordre sacré, ne peut caractériser l'ordre rationnel.

Dans cette conception, l'organisation du travail intel- lectuel est une partie de l'organisation générale du travail. II n'en saurait être autrement. Les mouvements d'une société ne peuvent avoir qu'un seul rythme. La pensée qui les gouverne doit être aussi consciente d'elle-même qu'il est possible. C'est pour que cette pensée atteigne à la plus grande clarté et se puisse réaliser en action, que nous voulons donner à l'ensemble qu'elle doit régir la plus parfaite unité. Unité surtout morale ! Quelle que soit la partie de la tâche que chacun accomplit, le sentiment dominant qui le meut ne peut être un sentiment particulier. L'orgueil intellectuel doit fléchir. 11 est une marque d'infériorité. L'homme qui croit penser doit s avoir que l'ouvrier manuel et lui pour- suivent le même but, et que les conditions de leurs travaux ne sont pas si différentes. Leurs occupations sont par bien des côtés également modestes. L'expérience scientifique exige le labeur des mains. Les recherches d'érudition demandent l'application du scribe. Le résidu qui demeure au creuset de la science est toujours faible.

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