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34^ LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

prit qui le guide dans l'action est une part de cette action ; il est nécessaire qu'il y soit limité.

Son rendement s'accroît par là indéfiniment, beaucoup plus sans doute que ne peut croître la productivité ma- nuelle. Une part de l'activité cérébrale tombe peu à peu dans l'inconscient, est abandonnée au pur machinisme. C'est le moyen du progrès intellectuel. Un mouvement familier n'arrête plus. Les accroissements de l'intelli- gence sont pour l'humanité l'essentielle richesse. S'il est vrai qu'elle ne se soit jamais enrichie que par le loisir, fai- sons en sorte que notre besogne sociale nous coûte peu de peine. Ne nous livrons qu'à une tâche unique, puisque nous n'en pouvons entreprendre plusieurs à la fois.

La faculté d'attention est plus limitée que la faculté de compréhension. L'économie qui résulte pour chacun du travail bien fait par tous, lui offre l'inappréciable chance d'en tirer lui-même profit. Les hommes ne veulent plus être attelés sans cesse à la même besogne. La limitation des heures de travail n'aboutit à rien de moins qu'à nous faire jouir du fruit de ce travail accompli.

Dans l'ordre intellectuel, une bonne division des tâches permettrait d'élaborer, de résumer, de synthétiser les connaissances, dételle sorte que quelqu'un d'entre nous ayant acquis grâce à son propre labeur, ce que j'appel- lerais volontiers l'expérience de la science, habile à com- prendre, s'initiât sans peine à la pensée en train de naître^ de laquelle dépend le mouvement qui tous à la fois nous entraîne.

Ceux qui commandent sauraient ainsi ce qu'ils doivent savoir. Ils auraient le temps d'organiser. Ils approfondi- raient la notion même du commandement.

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