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SAMUEL BUTLER 3 5

sitent, — si on songe qu'en même temps Butler continuait à peindre et à composer de la musique, et si on ajoute encore à cela les soins qu'il donnait à l'administration de sa fortune, on reste étonné de l'activité et de l'énergie de cet homme de soixante ans.

La fréquentation des Sonnets de Shakespeare lui avait inspiré l'idée d'exprimer sous cette forme quelques-unes des pensées qui le hantaient alors, et surtout la pensée de cette immortalité " dans les esprits et les actions des hommes ", — cette " vie par délégation " que certains privilégiés : peintres, poètes, musiciens, les plus grands d'entre les hommes, vivent dans la vie de l'humanité. Et il composa une magnifique série de Sonnets qui, avec quelques courts poèmes écrits entre 1874 et 1894 (un Psûurne de Montréal — satirique — et deux poèmes de forme w^hitmanienne) constitue, sinon son œuvre poétique, du moins son œuvre en vers : car il prenait le mot poésie dans son sens étymologique, et considérait la prose comme une des formes, — et la plus susceptible de perfection peut-être — de la poésie.

Dès 1896 Butler avait songé à écrire une suite à Erewhon. Sa théorie de la Résurrection, qu'il jugeait solide, lui avait souvent suggéré l'idée de considérer tout le Christianisme comme la conséquence d'une seule erreur initiale : le miracle supposé de la Résurrection. Tel fut le germe des Nouveaux Voyages à Erewhon (1901). Il n'y est pas question du Christianisme :- Butler a tenu à ne blesser aucune croyance, et surtout à ne pas tourner en ridicule une religion que ses opinions conservatrices lui faisaient regarder — du moins dans l'Eglise de Rome — comme un terrain d'entente possible entre le panthéisme

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