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34 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

et grandit. Il arriva peu à peu, et en s'entourant de toutes les garanties scientifiques possibles, à établir que VOdyssée avait dû être composée à Trapani. Et il ajouta à cette hypothèse ce corollaire un peu inattendu : que VOdyssée était Tceuvre d'une femme ; et cette femme : Natisikaa. Tel est le sujet de La femme auteur de f Odyssée (1897). Cependant, il avait approfondi aussi le problème de V Iliade (dont il donna une traduction en 1898), mais sans lui apporter d'hypothèse nouvelle. En 1895 il avait fait un voyage en Grèce et dans la Troade pour se rendre comptç par lui-même de la valeur des conclusions aux- quelles étaient arrivés les archéologues, et il reconnut que ces conclusions étaient acceptables. Sa traduction de rO^yjj/^ parut en 1900.

Il avait à peine abandonné ses études homériques qu'il fut séduit par le problème des Sonnets de Shakespeare et, dépouillant toute la littérature shakespearienne comme il avait dépouillé la littérature homérique, il donna au résultat de ses recherches la forme d'une Edition des Sonnets classés d'après l'ordre chronologique réel (selon lui) et accompagnés d'un commentaire (1899). On peut trouver trop hardies ses hypothèses, tant en ce qui con- cerne Homère qu'en ce qui concerne Shakespeare, mais, à ne considérer que la valeur purement philologique de ces travaux, il faut reconnaître qu'il a fait un vigoureux et noble effort pour introduire dans les méthodes de l'érudition moderne, à côté de l'interprétation timide des spécialistes, une interprétation plus libre, une interpréta- tion d'humaniste.

Si on réfléchit à tout le travail matériel que supposent des entreprises de ce genre et aux voyages qu'elles néces-

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