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��REFLEXIONS SUR LA LITTERATURE

LETTRE A M. MARCEL PROUST

Mon cher Confrère,

J'ai goûté comme tous les lecteurs de la Nouvelle Revue Française vos notes pénétrantes sur le style de Flaubert. Une ingénieuse Pro- vidence a voulu que mes réflexions fussent apparemment assez diffé- rentes de votre sentiment pour vous engager à le formuler contre elles, et, dans le fond, assez concordantes avec les vôtres pour que je puisse accepter sans palinodie la plus grande partie de votre pensée et me livrer au plaisir de me sentir d'accord avec elle.

Notre dispute serait en effet surtout « grammairienne ». Mais reconnaître qu'une dispute est grammairienne, c'est reconnaître qu'il existe un moyen de la résoudre, qui est le dialogue, ou, comme on disait autrefois, la « conférence ». Il n'est pas mauvais que nous prenions ici l'habitude de ces dialogues, et qu'en « conférant » nos opinions, nous arrivions à découvrir les raisons qui nous accordent, ou, avec un bénéfice presque égal, les raisons qui nous empêchent de nous accorder.

J'ai rendu hommage au style de Flaubert. J'ai reconnu qu'il avait atteint la perfection même de son métier, que ses grands travaux sont, pour les gens de plume (votre article le prouve), ce qu'étaient pour les compagnons du Tour de France la vie de Saint-Gilles ou Saint-Urbain de Troyes, le chef-d'œuvre d'un art qui est un métier et d'un métier qui est un art. Tout le malentendu vient de cette expression qu'à la façon dont elle a été relevée, je reconnais mainte-

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