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4^2 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

croire qu'ils ont été desservis et que, par exemple, Mihiel Eminesco n'est pas le médiocre «parolier» pour valses lentes que les traduc- teurs nous révèlent :

y4mis lorsque, au fond de notre âme, L'Amour s'est éteint dans la nuit, La pure et merveilleuse flamme Encor doucement nous poursuit...

Tout, ou à peu près tout, dans cette Anthologie est de la même veine.

��LA DEFENSE DE TARTUFE, extases, remords, vi- sions, prières, poèmes et méditations d'un Juif converti, par Max Jacob (Société littéraire de France).

M. Max Jacob renouvelle le genre du poème macaronique, avec infiniment d'esprit et les plus beaux dons de poète. Ce qui fait la différence de cet art raffmé, subtil et désespéré, à la froide méca- nique verbale de ses médiocres imitateurs, est que partout le poète laisse deviner qu'il pourrait davantage, s'il ne préférait à tout autre plaisir littéraire, celui de dominer le sujet qu'il traite, et de paraître supérieur à ce qu'il fait. La grande poésie n'a pas de secrets pour M. Max Jacob, mais lui, pour décourager les admira- tions qu'il juge indésirables ou compromettantes, y mêle des propos de café, des phrases de roman-feuilleton, et des morceaux de cantiques pour le mois de Marie. 11 recueille ainsi l'adhésion de tous ceux qui ne lui pardonneraient pas d'être sublime et profond, s'il n'était «fantaisiste». Car la fantaisie, pour certains esprits, de même que pour les chefs d'orphéons sous-préfectoraux, c'est, en toute chose, le pot-pourri. 11 a plu jusqu'à ce jour à M. Max Jacob d'être loué pour ce qu'il y a de factice dans sa poésie. C'est que, moins modeste en réalité qu'il voudrait le paraître, il compte bien être admiré plus tard pour ce qui est en elle de meilleur. L'exemple d'Apollinaire, dont la Muse eut beaucoup d'obligations à celle de M. Max Jacob, est là pour montrer que le calcul n'est pas plus

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