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peines du monde à le maintenir debout jusqu’à la un.

Les conclusions du juge furent admirables. Il s’appesantit sur chaque point qui pouvait s’interpréter en faveur du prisonnier ; mais il devint bientôt évident que les preuves étaient trop fortes pour laisser place au moindre doute et, lorsque le jury se retira pour délibérer, toute l’assistance comprit quel allait être le verdict. Au bout de dix minutes les jurés rentrèrent et leur président déclara l’accusé coupable. Il y eut un léger bruit d’applaudissements dans l’assistance, mais il fut immédiatement réprimé. Puis le juge prononça la sentence en des termes que je n’oublierai jamais, et que je notai dans un carnet, le lendemain, d’après le compte-rendu publié par un des grands journaux. Je suis obligé de le condenser un peu, mais tout ce que je pourrais dire ne parviendrait qu’à donner une faible idée de la sévérité solennelle, pour ne pas dire majestueuse, avec laquelle cette sentence fut rendue. La voici :

“ Inculpé qui comparaissez ici, vous avez été accusé d’un grand crime : celui d’être atteint de phtisie pulmonaire ; et, après un procès impartial fait en présence d’un jury composé de vos concitoyens, vous avez été jugé coupable. Je n’ai rien à dire contre la justice du verdict ; les preuves contre vous sont accablantes, et il ne me reste qu’à prononcer un jugement qui remplisse les intentions