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46 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

de leur protection (car ils sont nos ennemis naturels) que de la nôtre ; car, puisqu'il est impossible de les exclure tout à fait, il faut veiller à ce qu'ils soient logés chez les personnes qui sont les moins capables de les corrompre.

" Mais indépendamment de cette considération, et sans tenir compte de la culpabilité physiologique qu'entraîne un crime aussi grand que le vôtre, il y a encore une autre raison qui nous obligerait à vous traiter sans pitié, même si nous étions enclins à l'indulgence. Je veux parler d'une certaine classe de gens qui vivent cachés au milieu de nous, et qui s'appellent médecins. Si jamais la sévérité des lois ou le patriotisme du public se relâchait tant soit peu, ces gens sans aveu, qui sont à présent obligés d'exercer en secret leur industrie et qu'on ne peut consulter qu'en courant les plus grands risques, deviendraient les familiers de tous les foyers. Leur organisation et leur connaissance de tous les plus intimes secrets des familles, leur donnerait une puissance, à la fois sociale et poli- tique, à laquelle rien ne pourrait résister. Le chef de famille deviendrait le subalterne du médecin de la maison, qui s'interposerait entre le mari et la femme, entre le maître et le serviteur, si bien qu'enfin les médecins deviendraient les uniques détenteurs du pouvoir dans l'Etat, et que tout ce à quoi nous attachons du prix serait à leur discré- tion. Alors une ère de déphysicalisation s'ouvrirait;

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