EREWHON 47
et des marchands de drogues de toute espèce pul- luleraient dans nos rues et mettraient des annonces dans tous nos journaux. A cela, il y a un remède, et il n'y en a qu'un seul. C'est celui que les lois de ce pays ont depuis longtemps admis et appliqué, et il consiste dans la répression impitoyable de toutes les maladies quelles qu'elles soient, dès que les preuves en sont rendues manifestes aux yeux de la loi ; et plût au ciel que ces yeux fussent encore plus vigilants !
" Mais je ne veux pas m'étendre davantage sur des considérations qui sont si évidentes par elles- mêmes. Vous pouvez prétendre que ce n'est pas votre faute. Cette réponse, certes, est facile à faire, et elle revient à dire que si vous étiez né de parents sains et aisés, et si on vous avait bien soigné dans votre enfance, vous n'auriez pas violé les lois de votre pays, et vous ne vous trouveriez pas dans cette situation déshonorante. Vous me direz peut- être que vous n'êtes responsable ni de votre naissance, ni de votre éducation, et que par con- séquent, il est injuste de vous les reprocher. Mais je vous répondrai que votre phtisie, qu'elle vienne ou non de votre faute, est une faute en vous, et qu'il est de mon devoir de veiller à ce que la république soit protégée contre des fautes de cette nature. Vous pouvez dire que c'est par infortune que vous êtes criminel ; moi, je vous réponds que votre crime, c'est d'être infortuné.
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