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Page:NRF 14.djvu/55

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avait été jugé d’une manière impartiale. Puis on le conduisit à la prison d’où il ne devait jamais plus sortir. On essaya encore d’applaudir quand le juge eut fini de parler, mais cette fois encore la manifestation fut réprimée ; et bien que l’assistance fût très hostile au prisonnier, personne ne tenta de le brutaliser d’une manière quelconque ; toutefois le public poussa quelques huées lorsqu’on l’emporta dans la voiture cellulaire. En vérité, pendant toute la durée de mon séjour, rien ne me frappa davantage que le respect que tous avaient pour l’ordre et pour la loi.



II


LE MONDE DES NON-NÉS


Les Erewhoniens disent que nous sommes entraînés à reculons à travers la vie ; ou encore, que nous nous avançons dans l’avenir comme dans un corridor obscur. Le Temps marche à nos côtés et ouvre les volets à mesure que nous avançons. Mais souvent la lumière ainsi reçue nous éblouit et augmente l’obscurité qui s’étend devant nous. Nous ne distinguons que peu de choses à la fois et ce que nous voyons nous préoccupe bien moins que la crainte de ce que nous allons voir. Toujours à regarder avidement à travers la clarté du présent dans l’obscurité de l’avenir, nous devinons les