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LE PARADIS DES CONDITIONS HUMAINES 56 1

Il s'est produit un mouvement. Renaut a un peu élevé la voix pour ajouter :

— De toute évidence ! Qui a fait son nid...

— Peut sans crainte s'en éloigner. L'embarras devenait une sorte d'exaltation :

— En route.

— Pour où aller?

Alors Denis s'est retourné, et sur un timbre plein d'af- fection :

— Qui demande où nous devons aller?

Personne n'a répondu ; mais des regards anxieux et voraces se disputaient l'horizon. Denis a repris la parole, et, comme à l'ordinaire, elle a donné loi et consistance à ce qui n'était qu'impulsion.

— Mon ami très cher, vous qui avez posé cette ques- tion, vous vous êtes joint à nous, c'est donc que vous êtes de notre sang et de notre race. Or nous sommes ceux qui vont, la curiosité en éveil, admirer l'industrie des hommes et comparer toutes choses entre elles. Notre race est celle des voyageurs, notre sang s'appelle La Découverte ; tout ce qui est par delà nous attire. Et nous avons pour unique privilège de relever tous les matins nos paupières sur des yeux vierges et neufs. Un monde vient de se former; il ne lui manque que d'avoir trouvé des esprits pour le contempler et lui donner son nom. Compagnons, mes compagnons, est-ce que nous n'irons pas y voir?

Telle a été l'origine du pèlerinage qui nous entraîne.

Nous sommes devenus ceux qu'on voit passer et revenir à de longs intervalles. Nous avons ainsi connu l'infinité des conditions et des préférences. Nous avons vu des

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